Père Paul Wiedmann : « Au fond, j’ai le plus beau métier du monde ! »

Accueil > Témoignages > Père Paul Wiedmann : « Au fond, j’ai le plus beau métier du monde ! »

Né en 1979, et après un cursus classique à Saint-Jean-de-Passy et École Nationale des Ponts et Chaussées, il est ordonné en 2010. Tout d’abord vicaire à Garches et désormais à la paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul de Colombes depuis 2020, le père Paul Wiedmann évoque sa mission de curé.

Père Paul Wiedmann accompagné par Violaine et Romain en charge de la pastorale


Vous avez entendu l’appel à suivre le Christ à travers un livre de Guy Gilbert. Pouvez-vous nous raconter cette vocation ?

En effet j’ai été marqué par la lecture de son livre Dieu, mon premier amour, dans lequel il raconte son ministère hors norme. J’avais 16 ans ; je sentais que le Seigneur m’attrapait et me demandait de me mettre à son service pour toujours. Oui, j’ai eu des périodes de brouillard mais jamais de doutes. Mon accompagnateur spirituel, qui était l’aumônier de mon lycée, m’a beaucoup écouté alors que j’essayais de me faire croire que je n’avais pas entendu !
Comme Jonas, j’étais dans la tempête et c’était épuisant ; alors, plutôt que de lutter, j’ai dit à Dieu : « Me voici ». Mais à 17 ans, avec un projet aussi grand, je suis resté discret comme me l’avait conseillé mon père spi. Telle une plante fragile qui pousse, j’en ai parlé progressivement et de manière confidentielle à un ami puis deux amis puis à ma famille. J’ai été encouragé par mes proches, mais aussi par des personnes non catholiques ou peu pratiquantes qui voyaient le prix de l’engagement et qui étaient émerveillées de ce chemin qui s’ouvrait à moi.

Comment s’est poursuivie votre formation ?

De manière assez classique. Après ma scolarisation à Saint-Jean-de-Passy, j’ai découvert la vie d’étudiant en école d’ingénieur. Puis, une fois mon diplôme en poche, j’ai intégré l’année de propédeutique à la Maison Saint-Jean-Baptiste à Versailles. Ensuite j’ai fait deux années au séminaire Saint-Sulpice et cinq ans au séminaire français de Rome où je me suis formé en théologie et où j’ai fait une spécialité sur l’Antiquité et les pères de l’Église. J’ai été ordonné à 30 ans.

Quelles sont vos joies et vos peines en tant que prêtre ?

De voir que Jésus est aimé et que l’Évangile grandit dans le cœur des paroissiens. Lorsque j’étais vicaire, j’ai eu beaucoup de joie à voir des jeunes grandir dans la fidélité à Dieu et devenir, des années après, des chrétiens mûrs et assumés. En tant que curé, je suis heureux du dynamisme de la vie paroissiale : le pélé des mères, l’école de prière, les louveteaux qui font leur promesse, les rassemblements de la vie paroissiale… Tout cela me rend heureux !
Une tristesse, celle de ne pas avoir réussi à travailler avec un père qui venait du Liban et qui n’avait pas été préparé à la mission. Une autre tristesse, c’est aussi de ne pas toujours réussir à décloisonner les sensibilités pour qu’elles se rencontrent et vivent ensemble une forme de mixité dans l’accueil de l’autre.

j’ai beaucoup de joie à voir des jeunes grandir dans la fidélité à Dieu et devenir, des années après, des chrétiens mûrs et assumés

Alors, quel est votre secret pour motiver les fidèles qui animent votre paroisse ?

J’aime partir du désir des paroissiens et cristalliser ce désir. C’est comme le sucre ou une substance chimique dissoute dans l’eau : la cristallisation ne peut avoir lieu que dans des conditions de pression et de température très précises. Ce qui est dissout et invisible devient alors palpable. Le désir est souvent enfoui et ne peut se manifester que dans des conditions de confiance bien précises. En résumé, le lancement d’un nouveau projet pastoral ou l’appel de laïcs à prendre des responsabilités ne peut se faire que dans des conditions très précises.
Et puis il ne faut pas avoir peur d’être pauvre. On a la chance de pouvoir supplier le Seigneur pour lui demander comment faire. Au fond j’ai le plus beau métier du monde ! Bien sûr je suis célibataire, et je dois l’obéissance à l’évêque. En tant que curé, je me sens comme un père de famille, qui n’a pas assez de ses deux bras pour prendre ses enfants.

Quelle est votre approche pour aider les personnes en crise spirituelle ou émotionnelle ?

On a tous dans le cœur un flacon magique qui contient de l’huile et du parfum qui s’appellent écoute et compassion. Prendre le temps de descendre dans les abîmes de la détresse de quelqu’un, c’est difficile. Là où le flacon est magique, c’est que ça fait plus de bien à celui qui est écouté que ce que ça coûte à celui qui écoute. Pour moi, c’est une preuve de l’existence de Dieu et de la résurrection du Seigneur car il y a un surcroît de grâce dans ces circonstances qui ne vient pas du travail de l’un ou l’autre, mais du Ciel.
Attention à ne pas porter la souffrance des autres à leur place, mais ne pas avoir non plu, un cœur dur ! Il faut goûter leur émotion comme on goûte un plat mais sans manger l’assiette. À côté, il faut une supervision et des confères avec lesquels échanger quand on a une situation difficile !

Prendre le temps de descendre dans les abîmes de la détresse de quelqu’un, c’est difficile. Là où le flacon est magique, c’est que ça fait plus de bien à celui qui est écouté que ce que ça coûte à celui qui écoute.

Et la vie en communauté, c’est possible ?

On ne peut exercer son ministère qu’en communauté mais on ne peut pas tout faire ensemble. La vie commune est comme une porte qui ne peut s’ouvrir que de l’intérieur. Il faut saisir l’occasion, le repas, le temps de prière lorsqu’il se présente pour se dire les choses importantes.


Comment maintenez-vous un équilibre de vie ?

On parle beaucoup du burn-out mais il y a aussi d’autres dangers pour les prêtres : la mollesse, la colère, l’aigreur, l’enfermement dans les petits groupes… Moi j’utilise les moyens ordinaires autour de moi : un père spi, une équipe de vie, un entourage familial. Un temps j’ai eu recours aux services d’un thérapeute. Je fais également des retraites et pratique les confessions régulières. Il faut que l’exercice du ministère soit gratifiant et que l’on puisse se dire qu’on s’éclate en faisant ce qui nous plaît. Les trois sujets qui m’animent sont le pelé-vélo, l’école de prière, les martyrs d’Algérie.

Il faut que l’exercice du ministère soit gratifiant et que l’on puisse se dire qu’on s’éclate en faisant ce qui nous plaît


Et que faites-vous pour accompagner les personnes en situation de précarité ?

Ici, la Société de Saint Vincent de Paul a une épicerie solidaire ; l’Ordre de Malte organise un petit déjeuner solidaire sur le parvis de l’Église ; le Secours Catholique a une bagagerie solidaire avec douches et un lieu de domiciliation et d’alphabétisation ; les paroissiens organisent Hiver Solidaire pour accueillir la nuit des personnes en grande précarité ; l’association Maman Secours vient en aide aux mamans isolées. Dans mon cœur, j’ai toujours eu soif d’occasions de rencontres et d’un brassage plus large ; dans cet univers de mixité sociale, je me sens à ma place !

Interview réalisée par Sophie Mattei pour le magazine Vocations 219

Discerner

Découvrez les propositions pour discerner en Ile de France

Les propositions

Prier ensemble pour les vocations

Pour prier le maitre de la moisson d’envoyer des ouvriers pour la moisson, voici un florilège de prières à réciter seul, en famille ou en communauté

Les prières

Rentrer au Séminaire ?

A quel moment ? Quelles sont les étapes ? A qui s’adresser ?

Découvrir plus