Père Albert Zogo : Meaux et Merveilles

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Il fait presque nuit quand le père Albert Zogo, à peine arrivé à Rome, décroche son téléphone. Des jours que je cherche à joindre ce jeune prêtre francilien, ordonné pour le diocèse de Meaux le 24 juin dernier, et déjà parti pour Rome se former à l’Université pontificale grégorienne.

A la sortie de la Cathédrale après l’ordination sacerdotale d’Albert Zogo le 23 juin

La voix souriante et chaleureuse, Albert accepte d’emblée de répondre aux questions : parler de sa vocation, son parcours, son apostolat. Évoquer son enfance parisienne, son parcours de bon élève qui, des Mines au séminaire, l’a mené au sacerdoce, discrètement, sans à coup.

« Pour vous qui suis-je ? »

Devenir prêtre, pour ce jeune garçon d’une famille non pratiquante, n’avait rien d’évident : baptisé et catéchisé, Albert n’est pas de ceux que l’on appelle les messalisants. La messe une fois l’an, à Noël, dans l’église de Seine-et-Marne qui jouxte sa maison secondaire, est bien la seule occasion de se rendre en famille à l’église. « On cochait les cases, c’est tout : nous étions baptisés, maman m’a inscrit dans une école catholique et au catéchisme mais nous ne pratiquions pas ». C’est pourtant à 8 ans, au moment de se préparer à la 1ère communion, que le jeune Albert se pose la question décisive : « Qui est Jésus ? ». Pour tout dire, avoue-t-il, « c’est une question à laquelle je n’ai pas fini de répondre, la question de toute une vie ».
Au collège, l’interrogation se fait plus personnelle : « Pour vous, qui suis-je ? » « Question ouverte, confie Albert avec humour, le Seigneur m’a donné de me poser cette question pour que la réponse vienne tout au long de ma vie ; encore aujourd’hui, je n’en ai pas fait le tour. »

Aux Bernardins, Albert Zogo et Henri Thin

Marie, Mère de Dieu, une dévotion particulière

Quelques mois plus tard, la mère d’Albert lui offre un chapelet, « fluorescent, je m’en souviens encore ; il a marqué le départ de mon amitié avec la Sainte Vierge. Je l’ai regardé et je me suis dit : cinquante Je vous salue Marie, ça va être long. J’en ai récité trois et je me suis endormi, mais l’habitude sera prise, qui fut une merveilleuse porte d’entrée vers le Christ : réciter le chapelet et s’y tenir.

Sans trop savoir l’expliquer, Albert se rendra régulièrement le samedi après-midi à l’église Notre-Dame-des-Victoires pour y adorer le Saint- Sacrement. C’est là que Soeur Marie Ombeline viendra lui proposer de servir la messe. « Je me suis dit tout de suite que je n’irais pas. J’ai eu le tort d’en parler à ma mère, qui était si contente qu’elle m’a poussé à m’y rendre le dimanche suivant. J’ai fait exprès d’arriver en retard mais, à peine franchi le pas de l’église, la Soeur m’attendait pour me dire : “Le curé t’attend à la sacristie, dépêche-toi !”.
Première messe, et premier éblouissement pour un jeune garçon qui découvre le goût de servir. Perdu mais pas découragé, c’est au service de l’autel que j’ai redécouvert ma foi ; j’ai été formé et j’ai formé plus tard l’équipe des grands clercs de Notre-Dame-des-Victoires ! »

Finalement, sa mère a été très présente dans son chemin de foi : le chapelet, l’adoration, ça fait pas mal de balises pour aller vers Dieu. « Avec maman, on a progressé en parallèle ; on s’est renvoyé la balle, mon cheminement l’a aidé à cheminer ». Le Père et sa maman, comme encordés vers Dieu, une première image des vocations qui se soutiennent.

Albert Zogo et sa mère

L’enthousiasme, son langage de l’amour et son ADN

Le père Albert est de ces interviewés généreux qui ne se contentent pas du minimum lexical. L’échange est enthousiaste et riche, la parole est libre et l’on se sent tout de suite porté par sa bonté. Certains parleront de zèle missionnaire. Le souffle de la charité passe entre lui et vous : un bon début pour appréhender l’itinéraire d’un jeune prêtre.
Sa réponse à la question de la place de l’Esprit saint confirme cette impression :  » Je suis émerveillé par ce que l’Esprit Saint fait dans nos vies. Au séminaire j’ai découvert les écrits de saint Basile de Césarée sur l’Esprit Saint. J’ai appris à connaître la figure de sainte Mariam du désert, canonisée par le pape François. J’ai perçu aussi comment l’Esprit Saint agit dans la vie des saints… et dans la mienne ! Il nous vivifie et nous fait plonger dans la vie divine. Il est aussi invisible que puissant, c’est pourquoi je m’en remets toujours à lui en chantant Le Veni Creator lorsque je travaille. Alors, je sens que l’Esprit m’inspire et me permet de poser des actes justes. Assez récemment j’ai découvert le petit livre de Saint François de Sales Introduction à la Vie dévote : une aide à discerner au quotidien. »

Première messe à Notre Dame des Victoires

Mille et une façons d’aimer

Dieu sait que les apostolats ont été nombreux depuis son ordination diaconale en juin 2023. Au sein du pôle missionnaire de Fontainebleau, Albert s’est vu confier pas mal de missions : aumônier au lycée Blanche de Castille ; responsable de tous les servants d’autel ; référent spirituel des jeunes professionnels, d’une équipe Notre Dame et des fraternités missionnaires. « Ces apostolats structuraient mon temps mais, pour être ajusté,
il faut être en cœur-à-cœur avec le Seigneur », confie-t-il.
« À Fontainebleau, le Saint-Sacrement est exposé en permanence : j’y ai vécu une amitié, une obéissance au Seigneur et cela permet de faire la lumière sur ce que je vis. Je m’en remets totalement à lui. C’est d’ailleurs un de mes credos : cultiver la dépendance à l’égard de Dieu. Ma liberté se déploie dans ma dépendance à l’égard de Dieu ; dans la nature humaine, on a horreur de cette dépendance, on veut être le maître de nous-même. Les chrétiens sont invités à cette liberté intérieure qui permet de répondre à leur vocation.


Il est tard, le Père Albert se prépare pour une nouvelle rentrée. Cette fois-ci il n’arrivera pas en retard, mais bien le premier, pour se laisser façonner par Dieu. Merci, Albert, de Lui avoir laissé dire à travers vous cette phrase que vous aimez tant : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ».

Interview réalisée par Anne Gavini pour Vocations 220

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