Les prêtres ne sont pas des solitaires. C’est dans le corps du Christ, l’Eglise, qu’ils sont appelés à servir.
Comment évoquer le prêtre sans évoquer la fraternité ? Tout simplement impossible ! Pourquoi ?
Tout d’abord parce qu’on n’est jamais ordonné pour soi-même. Ce serait la porte ouverte à toute forme d’individualisme et les prêtres ne deviendraient alors que des vieux garçons ! Ensuite parce que le prêtre n’est pas fait pour vivre isolément. Il n’a pas vocation d’ermite ou de moine.
Par l’imposition des mains et la prière de consécration, les prêtres reçoivent l’ordination pour agir au nom du Christ. Ils en deviennent les serviteurs. C’est lui, Jésus, mort et ressuscité, qui édifie sans cesse son Eglise. Il en est la tête. C’est lui qui est mystérieusement présent au coeur de toute communauté chrétienne. Il en est la vie. C’est lui qui se fait connaître et appelle certains à le suivre et à lui donner leur vie comme prêtres. Il en est l’ami.
Si nous saisissons bien la place du Christ, si notre foi est vivante en lui, alors il est facile de comprendre que les prêtres vivent entre eux une « intime fraternité ». En effet, ils partagent une amitié avec le Christ, même si chacun a sa manière propre de la vivre. Ils sont tous ses serviteurs, même si chacun a sa manière propre de le servir.
Allons plus loin. Les prêtres agissent au nom du Christ, le Bon Pasteur. A sa suite, ils s’engagent dans la pastorale en allant vers les hommes et les femmes pour leur annoncer la Bonne Nouvelle du salut et pour les rassembler dans l’eucharistie du Seigneur. Aucun prêtre n’est meilleur qu’un autre en pastorale. Car quel est le secret de la pastorale ? Celui de Jésus, à savoir l’amour. Bien sûr, chaque prêtre est plus ou moins doué pour ceci ou pour cela. Untel saura bien faire avec les personnes âgées. Tel autre saura bien se situer par rapport aux jeunes. Mais ces prêtres sont unis par un secret qui leur est commun : l’amour pour les personnes vers lesquelles ils sont chacun envoyés.
Si nous mesurons bien à quel point l’amour est au cœur de toute pastorale, alors il est facile de comprendre que les prêtres vivent entre eux une « intime fraternité ». Alors, on comprend l’importance de ce passage du concile Vatican II qui, parlant des prêtres, dit : « Une intime fraternité lie entre eux tous les prêtres en raison de la communauté d’ordination et de mission : cette fraternité doit se manifester spontanément et volontiers sous forme d’aide mutuelle tant spirituelle que matérielle, tant pastorale que personnelle, dans les réunions et la communion de vie, de travail et de charité. »
Mgr Pierre d’Ornellas, Archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo