Le célibat est pour tous ceux qui attendent le mariage une situation non seulement normale, mais aussi nécessaire. Notre société est basée sur le couple : « Forcément, si on est à deux, on est heureux ! » Or, les célibataires n’entrent pas dans ce moule. Cette période de la vie est mal vécue par beaucoup de jeunes. Ils ne savent pas ce qu’ils attendent, ce que leur avenir leur réserve.
Peut-être vis-tu difficilement cette solitude et as-tu tendance à te renfermer sur toi-même ? Peut-être perds-tu confiance en toi, en ce que tu peux donner et recevoir ?
Beaucoup se posent des questions sur leur célibat. Il leur semble pesant, sans issue certaine : « Je n’ai pas de petite copine, suis-je vraiment normal ? » Il y a donc pour certain une insatisfaction, voire un trouble. Alors cette période de manque affectif ne serait-elle pas un chemin pour grandir dans l’amour du Christ ? Ne pourrait-on pas voir dans le célibat, un état de vie pendant lequel, par les amitiés et le partage, la personnalité se construit ?
Être célibataire à l’âge étudiant est une situation normale. Et c’est faire preuve de maturité et de liberté d’esprit que de le vivre dans la chasteté. On peut appeler « célibat d’attente » ces années très constructives où se prépare une vie adulte. N’est-ce pas le temps pendant lequel, en te laissant guider par le Seigneur, tu vas envisager des choix de vie ?
Tout oui implique des non
Etre libre signifie choisir. Et pour choisir, il faut connaître ce que l’on désire profondément, sachant que tout oui implique des non, que la vie est exigeante. C’est par ces exigences que le Seigneur t’appelle à grandir. A travers elles, le cœur se forme et se fortifie. Mais peut-être crains-tu d’être passif ? Peut-être crains-tu de vivre en état de « survie » ? Comment éviter de s’installer dans une attente passive ? Comment vivre une attente active ?
Première condition : ouvre ton cœur à toute vocation possible, une disponibilité totale à la volonté de Dieu. Ne ferme pas certaines portes à l’avance. Pour cela, une exigence : ne pas avoir fait un choix vocationnel précis. Autrement dit, exclure de ton cœur la certitude d’être « déjà formaté » pour le mariage, le sacerdoce ou la vie religieuse.
Deuxième condition : inscrire la prière quotidienne comme rendez-vous vital.
Troisième condition : participer fidèlement à un groupe chrétien et s’y impliquer.
Quatrième condition : bannir toute anxiété à propos de ton propre avenir en te remettant avec confiance entre les mains de Dieu.
Cette période de la vie ne peut se limiter à entretenir des obsessions paralysantes. Chaque instant de notre vie est pierre pour l’avenir, un instant à vivre pleinement. Ce temps est vécu beaucoup plus sereinement lorsqu’on ose s’ouvrir aux autres, s’investir. Apprendre à être humble, apprendre à faire confiance pour partager avec ses proches ses angoisses, ses préoccupations, ses déceptions, ses doutes.
Choisir de vivre son célibat d’attente pleinement, sans se soucier du regard de la société, est un acte de foi. Oser dire que l’on veut se construire avant de construire avec l’autre, que l’on veut se connaître avant de découvrir l’autre, est une infinie richesse que nous offre le Seigneur.
Mgr Renaud de Dinechin