Faire mémoire des interventions de Dieu dans sa vie pour mieux discerner son appel, c’est le témoignage unique que Jean-Paul II nous laisse avec « Ma vocation, don et mystère ».
« L’histoire de ma vocation sacerdotale ? C’est Dieu surtout qui la connaît ».
Ainsi débute « Ma Vocation, don et mystère ». Une vocation, souligne Jean-Paul II, c’est d’abord le mystère de l’appel, du choix de Dieu ; puis la prise de conscience en une succession d’étapes. Le pape évoque chacune jusqu’à la décision d’entrer au séminaire. À 9 ans, Karol Wojtyla perd sa mère. Après la disparition de son frère aîné, il reste seul avec son père. Cet homme profondément religieux mène une vie austère. Devenu veuf, sa vie est marquée par une prière constante. La nuit, il se réveille pour prier. Avec son fils, il parle sans difficulté du sacerdoce. Son exemple constitue pour son fils « une sorte de séminaire domestique ».
La parole
Les années de lycée sont marquées par le don d’un père spirituel, le père K. Figlewicz et également par la passion pour le théâtre et la littérature polonaise. Aux yeux de beaucoup, Karol Wojtyla est appelé à être prêtre. De son côté, l’appel n’est pas mûr. Il se sent appelé à une vocation d’homme de théâtre. En mai 1938, il entre à Cracovie à l’université Jagellon pour des études de philologie. L’étude de la grammaire et de l’évolution historique du polonais l’ouvre au mystère de la parole. Elle le dispose à accueillir davantage la Parole faite chair, Jésus-Christ.
Le 1er septembre 1939, la guerre éclate. Elle le conduit à interrompre des études universitaires et à commencer un travail dans une carrière de pierres pour échapper à la déportation. Là naît une proximité avec les ouvriers qui travaillent durement. L’un d’eux prononce cette parole gardée en mémoire : « Karol, tu devrais te faire prêtre ».
Des rencontres
Au cours de cette période, le pape lit et écrit. En 1941, son père meurt. Il se retrouve seul. Les amitiés deviennent un vrai soutien. Elles sont nombreuses en cette période difficile. À la paroisse de Debniki, il rencontre J. Tyranowski, dans le cadre du « Rosaire vivant ». Ce dernier l’initie à saint Jean de la Croix et Thérèse d’Avila. Le couvent des Carmes déchaux devient également un lieu familier.
L’appel à être prêtre grandit au contact de nombreux prêtres : « Dans le cadre du grand mal de la guerre, toute ma vie personnelle allait dans la direction du bien qu’est la vocation ». À l’automne 1942, en pleine guerre, Karol Wojtyla prend la décision d’entrer au séminaire clandestin de Cracovie.
Ma vocation, don et mystère (extraits)
Avant d’être déclamée sur scène, la parole vit dans l’histoire des hommes comme une dimension fondamentale de leur expérience spirituelle et, en dernière analyse, elle renvoie au mystère impénétrable de Dieu lui-même. Redécouvrant la parole à travers les études littéraires et linguistiques, je ne pouvais pas ne pas me retrouver proche du mystère de la Parole à laquelle nous nous référons chaque jour dans la prière de l’Angélus : “Et le Verbe s’est fait chair, Il a habité parmi nous” (Jn 1, 14). […]
Si je porte plus loin mon regard, je me rends compte que, à travers beaucoup d’autres milieux et d’autres personnes, se sont exercées sur moi des influences positives par lesquelles Dieu m’a fait entendre sa voix : ma famille, les ouvriers de l’usine Solvay, les Salésiens de la paroisse de Debniki, les pères carmes, le père Kazimierz Figlewicz, Marie, le saint frère Albert, le sacrifice des prêtres polonais, la bonté vécue au milieu des rigueurs de la guerre
.Jean-Paul II, Éd. Bayard, Cerf, Mame, Fleurus, 1996, pp. 15-53