Découvrez les moments forts du rituel de la cérémonie d’ordination diaconale en vue du sacerdoce.
Le célibat
« Vous êtes prêts à vous engager au célibat. Voulez-vous, pour signifier le don de vous-mêmes au Christ Seigneur, garder toujours cet engagement à cause du Royaume des Cieux, en vous mettant au service de Dieu et de votre prochain ? »
Posée au tout début, cette question est un préalable à l’ordination, comme si cette dernière ne pouvait avoir lieu qu’à la condition que ces hommes soient déjà engagés au célibat. L’Eglise latine choisit en effet des hommes qui ont choisi librement le célibat pour les ordonner diacres en vue du sacerdoce. En répondant « je le veux », ils disent : « Pendant les années de ma formation, j’ai discerné cet appel de Dieu et je suis déterminé à me donner par amour dans le célibat ». L’engagement au célibat est une forme particulière de don de soi explicitée dans l’Evangile (Mt 19, 12). Ne réduisons pas l’offrande de soi-même au Christ au seul célibat, car la mère de famille se donne tout autant. L’engagement dans le célibat pour le Seigneur est signe du Royaume. Il révèle à tous les fidèles que le don qu’ils font d’eux-mêmes a une portée éternelle.
Après l’homélie, les six engagements
1. La consécration à la diaconie de l’Eglise
(Diaconat : état de diacre. La Diaconie est la charge du service dans l’Eglise dont l’évêque est le garant. La Diaconie concerne le service de la liturgie de la Parole et de la charité.)
« Voulez-vous être consacrés à la diaconie de l’Eglise par l’imposition de mes mains et le don du Saint Esprit ? »
Pourquoi cette étape du diaconat ? Pourquoi ne pas ordonner prêtre tout de suite ? Il y a en effet un minimum de 6 mois d’intervalle entre le diaconat et le presbytérat. L’Eglise a compris qu’on ne pouvait exercer le ministère de prêtre et d’évêque, sans avoir reçu la grâce d’un don spécial, donnée par le sacrement de l’Ordre dans son premier degré.
Le diaconat n’est pas une année d’apprentissage pratique, pour s’exercer à célébrer des obsèques, des mariages ou des baptêmes. En effet, Dieu a appelé les Lévites pour être serviteur de sa demeure et ne faire que cela. Le Christ est le serviteur. C’est la base indispensable pour recevoir le Sacerdoce. Ce jour-là, tout est donné, les engagements pour ce service particulier sont pris pour toujours : prière, charité et obéissance. A son ordination presbytérale, le diacre renouvellera ses engagements en promettant de se donner dans son nouveau ministère de prêtre. Tout cela sera vécu de manière nouvelle, celle qui correspond au Sacerdoce.
2. La charité et la simplicité de cœur
« Voulez-vous accomplir votre fonction de diacre avec charité et simplicité de cœur, pour aider l’évêque et ses prêtres, et faire progresser le peuple chrétien ? »
Cette question vise une manière d’être et non des actions. Il ne s’agit pas d’abord de telle ou telle fonction liturgique du diacre, mais d’un appel à une transformation intérieure de son être tout entier qui fait de cet homme un signe, une image du Christ serviteur. Le ministère caritatif ou le service de l’autel découlent du sacrement. La simplicité du cœur signifie la vérité du don de soi à Dieu et aux hommes.
3. Le service de la parole
« Voulez-vous comme le dit l’apôtre Saint Paul, garder le mystère de la foi dans une conscience pure, et proclamer cette foi par la parole et par vos actes, fidèles à l’Evangile et à la tradition de l’Eglise ? »
La partie visible de cette charge est la proclamation de l’Evangile, mais elle ne se limite pas à cet acte liturgique. Le ministère de la Parole consiste à approfondir soi-même le mystère de la foi et de l’annoncer. Paroles et actes sont indissociables dans la transmission de la foi. Le diacre proclame la foi non seulement pendant les homélies, mais aussi par exemple au catéchuménat, lors de la préparation au baptême, et en d’autres lieux d’annonce de la Parole.
4. La prière des heures
« Voulez-vous garder et développer un esprit de prière conforme à votre état et, dans la fidélité à cet esprit, célébrer la Liturgie des Heures en union avec le peuple de Dieu, intercédant pour lui et pour le monde entier ? »
En plus de la prière personnelle, l’oraison, les diacres ont mission de porter la prière de l’Eglise en union avec le peuple de Dieu. La Liturgie des Heures est cette prière traditionnelle de l’Eglise fondée sur les psaumes, répartie en 5 offices quotidiens. Depuis Vatican II, cette prière n’est pas seulement confiée aux clercs et aux religieux, mais aussi recomandée aux laïcs. Cette mission insère le diacre dans la prière de toute l’Eglise. En union avec elle et pour elle, il a la charge d’intercéder et de rendre grâce auprès de Dieu qui agit au milieu de son peuple. La prière est un service.
5. La configuration au Christ
« Voulez-vous conformer votre vie à l’exemple du Christ dont vous prendrez sur l’autel le Corps et le Sang pour le distribuer aux fidèles ? »
Les laïcs distribuent aussi le Corps du Christ, mais de manière extraordinaire. Le diacre devient ministre ordinaire de la communion. Pendant la messe, le diacre est chargé de porter le calice, signe que sa vie est livrée comme celle du Christ. La méditation du mystère de l’Eucharistie oriente sa vie spirituelle, transforme peu à peu sa vie à l’image du Christ.
6. L’obéissance
« Promettez-vous de vivre en communion avec moi et mes successeurs, dans le respect de l’obéissance ? »
Pourquoi cet engagement arrive-t-il à la fin ? Il n’est pas un préalable, mais le couronnement spirituel de tous les engagements précédents. C’est l’attestation concrète d’une fidèle obéissance au Christ dans l’Eglise. Chaque ordinand met ses mains jointes entre celles de l’évêque. Geste fort, geste de remise de soi, mais pas de contrainte. « Vivre en communion » ne signifie pas recevoir des directives, ou correspondre à telle opinion de l’évêque, mais porter avec lui la charge apostolique reçue. L’obéissance à l’évêque passe par l’accomplissement de la mission reçue. La fécondité de son ministère de diacre, puis de prêtre, dépend de son lien avec l’évêque. Si son ministère le mène loin des institutions de l’Eglise, il a alors davantage besoin de vivre de ce lien de communion.
Prostration et supplication litanique
En signe d’humilité devant la grandeur du Christ et de son œuvre, les ordinands s’allongent, face contre terre. Un geste repris une fois par an le Vendredi saint : au début de l’office, prêtres et diacres se prosternent en silence sur les dalles, pour rappeler que le Christ seul est le sauveur de tous dans le mystère de la Croix. A l’ordination, l’assemblée invoque l’Eglise du Ciel, les saints qui, dans l’éternité, prient Dieu et intercèdent pour la vie de l’Eglise : Apôtres, premiers martyrs, Pères de l’Eglise, fondateurs, autres saints…
L’imposition des mains et la prière consécratoire
C’est le geste le plus important. Il existe depuis les débuts de l’Eglise (Ac 13, 3). En 1947, Pie XII a remis en lumière l’aspect central et essentiel de ce geste et de la prière qui l’accompagne. Par eux s’accomplit le sacrement de l’Ordre. En silence, l’évêque impose les mains sur la tête des ordinands. Par là, il transmet le don de l’Esprit. Dans la prière d’ordination, l’évêque demande à Dieu d’agir par une grâce spéciale qui transforme l’être des nouveaux diacres.
La remise de la dalmatique et de l’évangéliaire
« Recevez l’Evangile du Christ que vous avez la mission d’annoncer. Soyez attentifs à croire à la Parole que vous lirez, à enseigner ce que vous avez cru, à vivre ce que vous aurez enseigné. »
Ces gestes sont un rite complémentaire : ils manifestent ce que le diacre a reçu et quelle est désormais sa mission. L’évêque lui donne en même temps sa règle de vie, l’Evangile. Tous les diacres présents échangent ensuite le baiser de paix avec les nouveaux ordonnés pour manifester cette fraternité sacramentelle.
Mgr Denis Jachiet avec l’autorisation de Paris Notre Dame (N°1107)