Ça commence à bien faire, cela fait trois fois en une semaine ! Trois fois que je m’entends dire : « Je vous avais dit que je viendrais, mais finalement, mon Père, je ne pourrai pas être là ». Les raisons ? « J’ai trouvé autre chose à la période où je devais organiser cette rencontre de l’aumônerie », ou tout simplement le silence… On y devine la fuite, l’incapacité à nommer une difficulté, la peur d’être jugé !
Je ne peux que sourire en repensant à cette parabole où, à l’invitation de Jésus, nous avons toujours mieux à faire (Lc 14, 15-24), ou à cet homme qui avait dit qu’il irait travailler à la vigne et ne s’y rend pas (Mt 21, 28-32)…
Quel prêtre, quel éducateur n’a jamais eu à se plaindre de jeunes qui se dédisent ? Cela a toujours suscité en moi bon nombre d’interrogations. Quelle place reste-t-il à la parole donnée ? L’appel du plus offrant sera-t-il toujours le plus fort ?
Comment amener quelqu’un à tenir un engagement ? Et, ultimement, quelle fidélité au Christ, lui qui est la Parole, pourrons-nous tenir alors que tout nous pousse dans notre quotidien à vivre « sans engagement » ?
Si seulement j’avais les réponses !
J’ai croisé des étudiants qui préfèrent ne pas avoir d’agenda afin de ne pas se sentir engagés par leurs activités et pouvoir ainsi « choisir » au dernier moment. D’autres qui ne font qu’écumer les activités – profanes ou religieuses – à droite à gauche, au gré de ce qui les attire ! Hélas, ils ne se posent jamais et demeurent insatisfaits !
Devrais-je m’y résoudre ? Je ne peux pas. Je ne veux pas. Je l’avoue, cela pourrait parfois me décourager si j’en restais au problème concret d’animer la vie d’une communauté. Mais ce n’est pas cela qui importe. Le plus décisif, c’est de faire prendre conscience aux jeunes qu’ils se « blessent » eux-mêmes en se privant d’une occasion de vivre la fidélité. Nous le savons, les petits choix conditionnent des engagements bien plus déterminants.
« Celui qui agit selon la vérité vient à la lumière. » Oui, la vérité d’une parole donnée engage et porte une exigence. La fidélité nous ancre dans le réel et nous appelle à tenir un cap devant les difficultés. Pour vivre cela, quelques convictions m’habitent. Il convient d’aimer la vérité. « Celui qui agit selon la vérité vient à la lumière » (Jn 3, 21). Nous sommes faits pour la vérité. C’est aussi important lorsqu’il s’agit de vivre le pardon.
Il y a également une vertu qu’il serait bon de réhabiliter : le courage. Voilà un lieu où s’allient harmonieusement justice et vérité. Mais plus que tout, c’est la confiance qui demeure le maître mot d’une relation de fidélité. Et ce qui fait souvent défaut, en premier lieu chez les jeunes, c’est la confiance en eux-mêmes. Quelle joie lorsque l’on peut redonner confiance à un étudiant qui ne se croit plus aimable. Alors la fidélité pourra grandir avec d’autres sur un chemin de foi, un chemin de vie chrétienne, un chemin de vie tout simplement.
Seigneur, fais de moi un artisan de confiance.