Pèlerins d’espérance, convertissons-nous
Chers amis,
Hier, nous avons pu annoncer la mort du Seigneur. Je veux dire que nous avions quelques outils pour le faire, quelques matériaux, si je puis dire. Nos paroisses et communautés nous proposaient le chemin de croix. Hier soir, la célébration de la Passion pouvait être vécue communautairement, dans la liturgie. Nous avons accompagné Jésus, jusqu’à la mort.
Mais aujourd’hui, rien. Nos revues et applications ne nous proposent même pas un texte de l’Ecriture à méditer. Il n’y en a pas. Nous faisons l’expérience de l’absence. Je m’unis dans la prière à ceux qui ont rejoint leur vie ordinaire après les obsèques d’un proche. Malgré la peine, jusqu’aux obsèques, nous nous sentons souvent portés. Et puis vient le moment où la réalité de la vie quotidienne reprend, sans la personne aimée. Il y a de cela dans le samedi saint. Jésus est mort. Il est mis au tombeau, et il ne se passe plus rien.
Mais il y a plus encore. Ce jour est propice à nourrir notre réflexion sur l’absence de Jésus comme Dieu, à réfléchir à l’absence de Dieu.
Dieu peut être absent de nos vies à cause de nos doutes. Et si jamais il n’existait pas ? Si jamais cette foi chrétienne à laquelle je me raccroche n’était qu’une belle histoire, une fable ? Pas une seule personne, parmi nous, n’évite ces questions ; souvent toute la vie. Le doute est inhérent à la foi, ou en tout cas coexiste avec elle. La vraie question est de savoir ce que nous en faisons. Notre foi n’est-elle que ressenti ? Je prends le pouls de ma foi et je réponds tantôt « oui je crois », tantôt « non, je ne crois pas ». Mais notre foi n’est-elle pas réponse, engagement, détermination, obéissance comme dit saint Paul ? Notre volonté serait-elle absente de la démarche de foi ? Si tu ne sais pas pourquoi tu cherches Dieu alors que tu ne le trouves pas, Lui te le dira. Mais il ne le fera que si tu t’approches de Lui. Parce qu’il t’aime et qu’il respecte ta volonté, il ne t’imposera pas sa présence dans ta vie.
Dieu peut être absent aussi dans le sens où il n’est pas celui que je voudrais qu’il soit. Je lui parle, et j’ai l’impression qu’il ne me répond pas. Je le prie, et il ne m’exauce pas. Mais Dieu est le tout-autre, celui que je ne peux que pressentir, celui sur lequel je ne peux jamais mettre la main. Elle est toute proche à notre mémoire, l’agonie de Jésus vécue à Gethsémani. Lui non plus n’a pas été exaucé quand il a dit à son Père : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ». Il a pourtant poursuivi sa prière : « cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22, 42). Ce qui ne l’a pas empêché de mourir après avoir dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46). Il reprenait par là la parole du psaume qui disait à la foi les souffrances de la Croix, son angoisse de la mort, et une prière qu’il avait reçue, qui n’était pas de lui.
Dieu, enfin, peut être absent de nos vies du fait de la gravité de notre péché. Le péché fait obstacle à notre relation avec lui, et la liaison, si vous me permettez, est plus ou moins obstruée en fonction de la gravité de notre péché. N’oublions jamais que la place de Dieu dans nos vies est toujours complètement restaurée par le pardon reçu.
Ces trois aspects de l’absence de Dieu dans nos vies, et tous les autres, sont sources de souffrance pour l’homme, de mal être. L’absence de Dieu conduit aussi à l’erreur. L’absence de Dieu est mortifère. Ne la tolérons jamais.
Nous nous retrouverons demain, saint jour de Pâques. Je vous souhaite une bonne journée du Samedi saint.
Seigneur, Esprit saint, soit toujours présent dans ma vie. Renforce ma foi et fais reculer la part de doute en moi. Agis en moi comme tu le veux, plus que comme je le veux. Fortifie-moi dans le désir de la sainteté, pour que ta présence en moi ne soit pas polluée par le mal.
Seigneur, Esprit saint, en ce Samedi saint, donne-moi la joie de désirer et de goûter ta présence !