Retraite de carême de Mgr Emmanuel Tois
Que tes enfants, Seigneur, travaillent à ce monde qui passe, en s’attachant surtout aux réalités qui demeurent.
Chers amis bonjour,
Le fait d’être disciples de Jésus-Christ ne nous retire pas du monde. Si nous n’appartenons pas au monde (Jn 17, 14), nous y sommes bel et bien (Jn 17,11) et le Christ nous y a même envoyés (Jn 17,18). Au soir du Jeudi saint, il ne prie pas le Père de nous retirer du monde, mais de nous garder du mauvais (Jn 17, 15). Nous sommes donc dans ce monde, et le Seigneur nous demande de travailler à ce monde qui passe.
Dans ce monde, nous avons notre vie : notre histoire personnelle, notre vie actuelle : notre épouse, notre époux, nos enfants, nos petits-enfants, nos arrière-petits-enfants. Nos soucis, les nôtres propres, mais aussi les soucis du monde : la guerre en Ukraine, les innombrables personnes contraintes de quitter une terre, un pays, de la famille, des racines, l’avenir des pays pauvres, l’avenir de la planète, le réchauffement climatique, l’avenir de notre pays, qui va vivre prochainement deux élections importantes … Bref, la prière que nous présentons à Dieu à l’aide de la deuxième préface du Carême que je citais en commençant fait droit au fait que nous sommes dans ce monde.
Et dans cette prière, l’Eglise nous invite à demander au Seigneur de nous aider à travailler à ce monde qui passe en nous attachant surtout aux choses qui demeurent. Pendant le temps pascal, désormais tout proche, nous entendrons souvent saint Paul nous inviter à rechercher les réalités d’en-Haut (Col 3, 1). Les réalités qui demeurent sont déjà des réalités d’en-Haut. Elles sont tout ce qui fait que la vie éternelle est déjà commencée, tout ce qui permet de goûter déjà la vie du Royaume. Dans le concret de ce que nous vivons, de nos préoccupations, nous pouvons distinguer ce qui est fugace de ce qui demeure, ce qui n’est qu’illusion de bonheur de ce qui réjouit en profondeur, ce qui au fond est mortel de ce qui est éternel. Sans être hors sol puisque nous travaillons à ce monde qui passe, nous sommes invités par le Seigneur et son Eglise à nous attacher aux réalités qui demeurent. Que Dieu nous donne de les identifier, de les distinguer, et de nous y attacher vraiment.
Nous sommes entrés dimanche dans le temps de la Passion. Nous allons suivre l’Agneau de Dieu, qui donne sa vie pour nous, pour enlever les péchés du monde. Que ce choral du Christ Agneau de Dieu nous aide à entrer dans ce temps préparatoire à la Semaine sainte, et à suivre le Seigneur Jésus en sa Passion.
Que Dieu vous garde sur sa route.
Jean-Sébastien Bach, choral de Carême de l’Orgelbüchlein, BWV 619 : Christe, du Lamm Gottes, chant et partie jouée à l’orgue.