Retraite de carême de Mgr Emmanuel Tois
Ainsi la Loi et les Prophètes témoignaient qu’il parviendrait par la Passion jusqu’à la gloire de la Résurrection
Chers amis bonjour,
Nous revenons une dernière fois sur ce que nous avons vécu dimanche dernier autour de la Transfiguration du Christ. Attachons-nous un instant à la figure de Moïse et d’Elie qui, tous deux nous dit la préface du deuxième dimanche de Carême, symbolisent la Loi et les Prophètes qui témoignent que Jésus parviendra par la passion jusqu’à la gloire de la résurrection.
Qu’est-ce qui est le plus important ? Que Moïse et Elie témoignent que Jésus parviendra jusqu’à la gloire de la résurrection ou qu’ils témoignent qu’il y parviendra par la passion ? Les deux sont importants, bien sûr, mais je voudrais aujourd’hui proposer à ceux d’entre nous qui sont découragés, soit parce qu’ils n’arrivent pas à entrer dans ce Carême, soit parce que les souffrances de la vie sont trop lourdes, de prendre comme compagnons de route Moïse découragé ou Elie découragé. Leur témoignage ne débute pas à la Transfiguration, ce qu’ils ont vécu dans leur existence terrestre est aussi un témoignage de la Passion et de la résurrection de Jésus. Et Moïse jadis découragé comme Elie jadis découragé sont là qui s’entretiennent avec un Jésus qui entrera en agonie à Gethsémani, où il vivra découragement, angoisse et désespoir.
Moïse découragé ? Oui. Après avoir fait sortir le peuple d’Israël d’Egypte et l’avoir conduit dans le désert, Moïse perd pied et le dit au Seigneur : « Pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à tes yeux que tu m’aies imposé le fardeau de tout ce peuple ? Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple, est-ce moi qui l’ai enfanté, pour que tu me dises : “Comme on porte un nourrisson, porte ce peuple dans tes bras jusqu’au pays que j’ai juré de donner à tes pères” ? » Il va jusqu’à demander à Dieu de le tuer (Nb 11).
Elie découragé ? Le passage est connu. Après avoir confondu et finalement fait égorger les quatre-cent prophètes de Baal, Elie est menacé par Jézabel et s’enfuit à Bersheba. Puis il marche un jour entier dans le désert, s’assied à l’ombre d’un buisson et demande lui aussi la mort (1 R 19).
Je vous laisse avec ces deux compagnons de route et ce qui leur advint ensuite de jours meilleurs, jusqu’au Royaume d’où ils descendirent un jour du premier siècle de notre ère pour s’entretenir avec Jésus sur la montagne et, probablement, l’encourager avant qu’il n’entre dans sa Passion.
Avec Jean-Sébastien Bach et ce choral d’action de grâce que nous entendons ce matin dans ses deux parties, chantée et jouée à l’orgue, rendons-grâce pour ces compagnons de nos routes de découragement. Ces grandes figures bibliques, nos compagnons du quotidien aussi, le Seigneur surtout, qui toujours est avec nous dans la souffrance et la peine. Remercions-le de ne pas être seuls sur ces routes parfois douloureuses de nos vies.
Que Dieu vous garde sur sa route.
Jean-Sébastien Bach, choral de Carême de l’Orgelbüchlein, BWV 623 : Wir danken dir, Herr Jesu Christ, partie chantée et partie jouée à l’orgue.