Dimanche dernier, l’Évangile nous a présenté ce que le pape François a qualifié comme « l’une des rencontres les plus belles et les plus fascinantes de Jésus, celle avec la Samaritaine (cf. Jn 4, 5-42)».
Au cœur du Carême, cette rencontre nous offre un condensé de ce que peut-être le parcours d’une personne qui se laisse rejoindre par le Christ. Je vous invite à reprendre le texte de ce passage de saint Jean, pour suivre avec moi la belle évolution de cette femme.
Elle accueille Jésus, qui lui demande à boire, de manière très fermée : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » Et si elle consent à lui parler, son cœur ne s’ouvre toujours pas : « Serais-tu plus grand que notre père Jacob ? »
A la faveur d’une requête par laquelle Jésus va lui montrer qu’il la connaît en profondeur (« Va, appelle ton mari, et reviens »), Jésus l’accueille telle qu’elle est, là où elle en est. Il le fait sans la culpabiliser, sans approuver non plus sa situation mais en soulignant positivement qu’il sait qu’elle dit vrai. « Seigneur, je vois que tu es un prophète !… » C’est le début de l’ouverture de son cœur.
Elle comprend alors l’inanité des débats entre Juifs et Samaritains sur celui des lieux devant lequel il convient d’adorer, et la Parole de Jésus la conduit à évoquer elle-même l’attente du Messie. Ce qui permet alors à Jésus de lui dire que lui, qui lui parle, est ce Messie.
Le cœur de la femme a continué à s’ouvrir, et de ce cœur sort déjà et l’expression de sa foi commençante, et son désir de faire connaître celui qu’elle a rencontré : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »
La dilatation du cœur a fait d’une femme hostile une femme missionnaire. « Beaucoup de Samaritains de cette ville, nous rapporte l’Evangile, crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme ». Le rayonnement de cette femme convertie a ouvert le cœur d’autres personnes qui purent alors, beaucoup plus facilement qu’elle, accueillir Jésus et croire en lui sur Sa propre Parole : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »
Ce que cette femme a vécu l’espace d’un échange avec Jésus, nous sommes invités à le vivre l’espace d’un Carême. Jésus nous accueille comme nous sommes, là où nous sommes, de sorte que, pour toujours, l’eau vive devienne en nous une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. De sorte que notre vie en soit bouleversée. De sorte aussi que nous devenions les disciples missionnaires dont Il a besoin.