Retraite de carême de Mgr Emmanuel Tois
En jeûnant quarante jours au désert, il consacrait le temps du Carême.
Chers amis bonjour,
A chaque messe, la prière eucharistique est introduite par une belle action de grâce, lue ou chantée par le célébrant, qu’on appelle la préface. Je vous propose de revenir sur la célébration d’hier à l’aide de cet extrait de la préface du premier dimanche de Carême que nous avons célébré : En jeûnant quarante jours au désert, il consacrait le temps du Carême.
Comme chaque année pour ce dimanche, nous avons suivi Jésus qui dans l’Esprit, fut conduit au désert, où il fut tenté : cette année c’était en saint Luc, l’an dernier en saint Marc et il y a deux ans en saint Matthieu.
Ceux d’entre vous qui ont fait le pèlerinage de la Terre sainte se représentent bien le désert de Judée, où se trouve le mont de la Tentation, ou mont de la Quarantaine, au nord-ouest de Jéricho. On y trouve le monastère saint Georges, lieu de prière attesté depuis le VIe siècle, à l’époque byzantine, où prient aujourd’hui nos frères grecs-orthodoxes.
Le récit des tentations et sa localisation dans le désert, le désert de Judée, nous aident à réfléchir à la question du mal. Même si dans l’Evangile Jésus désigne Satan, à plusieurs reprises et sous différentes dénominations, il arrive que l’on considère que l’adversaire de Dieu n’existe pas, ou alors que s’il existe, c’est l’homme lui-même, capable de tellement de mal qu’il en est peut-être lui-même l’auteur.
Pourtant dès l’origine, l’Ecriture nous rappelle que l’homme est créé à l’image de Dieu, et qui il n’y a point de mal en lui dans le projet originel de Dieu. Et que si, ce qu’exprime le récit de la chute, au chapitre 3 du livre de la Genèse, l’homme peut s’écarter du dessein de bonheur que Dieu avait posé sur lui, l’homme n’est pas auteur du mal qui le meut, mais théâtre d’un combat, d’un combat intérieur où lutte avec nous Celui qui, ressuscitant des morts, a vaincu le mal et souhaite nous voir le vaincre avec Lui.
Le Carême dès lors est un entraînement au combat spirituel, comme le rappelait la prière d’ouverture de la messe des Cendres, c’est-à-dire un entraînement, avec Jésus au désert, à lutter contre le mal à l’intérieur de nous-même. Et l’Esprit est là, avec nous aussi comme il était avec Jésus au désert, qui nous fortifie dans ce combat. Nous aimons, dans certaines communautés, le chanter : « Seigneur avec toi nous irons au désert, poussés comme toi par l’Esprit ».
Comme promis vendredi, nous serons aidés à prier par la version à l’orgue du choral « Que Dieu m’aide à réussir », BWV 624. Goûtons, par ce choral qui en appelle à la grâce de Dieu, la présence en nous de l’Esprit qui, depuis notre baptême, veut être en nous puissance de combat pour lutter contre l’esprit du mal.
Que Dieu vous garde sur sa route.