Retraite de carême de Mgr Emmanuel Tois
Seigneur notre Dieu, chaque année, tu accordes à tes fidèles de se préparer aux fêtes pascales dans la joie d’un cœur purifié
Chers amis bonjour,
Aujourd’hui et mercredi, je vous propose de méditer les paroles de la première préface du Carême, dont est extrait le texte que je viens de lire.
Nous avons bien compris que le Carême est un chemin, une route qui conduit à Pâques. Il s’agit donc d’abord, comme le dit cette préface, de nous préparer aux fêtes pascales. En commençant peut-être par nous demander ce que représente, pour nous, la fête de Pâques. Quel sens a pour nous le fait de célébrer Pâques année après année ? Que produit en nous le fait de célébrer non seulement chaque année, mais aussi chaque dimanche et, pour certains chaque jour, la mort et la résurrection de Jésus ? « le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis », proclame saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens (1 Co 15, 20). Premier ressuscité. Premier d’une longue série de vies humaines dans laquelle la mienne a sa place, en espérance. Je fais partie de cette assemblée des sauvés parce que le Seigneur est monté me préparer une place dans son Royaume afin que là où il est, je sois aussi (cf.Jn 14). Mais j’en fais également partie parce que dès maintenant, sa résurrection a pour effet, si je m’y engage, de détruire en moi les puissances de mal et de mort. Nous préparer aux fêtes pascales c’est donc prendre conscience de ces puissances en nous, et les déposer sur la Croix avec le Crucifié. Il y a bien des manières de le faire, parmi elles bien sûr le sacrement de réconciliation, mais rechercher les réalités d’en-haut, comme nous y invitera saint Paul dans le temps pascal, c’est aussi désirer ces réalités, appeler de ses vœux et surtout de sa prière la puissance de la grâce sur ce qui nous « plombe ».
S’il s’agit donc de nous préparer aux fêtes pascales, il s’agit aussi, nous enseigne cette préface, de le faire dans la joie d’un cœur purifié. Aussi mes amis je vous invite, plutôt que de vous désoler parce que vous ne faîtes pas le Carême que vous aviez imaginé, à vous réjouir et à rendre grâce de chacun des petits progrès qui jalonnent votre vie spirituelle. Il y en a forcément. Ce n’est pas de l’orgueil que de prendre le temps de les identifier, de les repérer. Progrès en liberté dans la maîtrise de notre corps, progrès en charité dans l’attention renouvelée aux autres, progrès dans l’amitié avec Dieu par une prière plus fréquente, plus naturelle ou encore plus simple. Ces progrès, mes amis, conduisent au seul vrai progrès qui compte : le recul du mal dans notre vie, la croissance de la vie.
Seigneur, chaque année, tu accordes à tes fidèles de se préparer aux fêtes pascales dans la joie d’un cœur purifié ; tu es le Dieu qui nous sauve. En écoutant ce choral dans sa partie jouée à l’orgue, maintenant, le cœur en paix, nous te rendons grâce.
Jean-Sébastien Bach, choral de Carême de l’Orgelbüchlein, BWV 620 : Christus, der uns selig macht, partie jouée à l’orgue.