Vendredi 18 avril, Vendredi saint : «Tout est accompli»

Pèlerins d’espérance, convertissons-nous

Chers amis,

Nous nous sommes quittés hier en évoquant l’agonie de Jésus à Gethsémani. Une fois arrêté, celui-ci souffrira dérisions, humiliations, outrages et crachats, avant d’être injustement condamné à mort puis crucifié. Dans le récit de la Passion que nous entendrons ce soir dans l’Evangile selon saint Jean, la dernière parole prononcée par Jésus est la suivante : « Tout est accompli » (Jn 19, 30). Non pas « tout est fini », mais « tout est accompli ».

Jésus a tenu bon, jusqu’à la mort. Et pour cela « tout est accompli ». Mais il faut encore qu’il ressuscite. D’ailleurs, saint Jean relatant la visite de Marie-Madeleine puis de Pierre et Jean au tombeau, vide, le matin de Pâques, le dira : « Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 9).

Bien sûr, il faut qu’il ressuscite. Mais puisque Jésus est Dieu, la Résurrection va de soi alors qu’il est mort, alors que puisqu’il est homme, sa Passion vécue jusqu’au bout n’allait pas, elle, de soi. Paradoxalement, ce qui n’est pas facilement cru par les hommes, même parfois par ceux qui se déclarent chrétiens, à savoir la Résurrection de Jésus, est le prolongement logique de ce que presque tous croient : Jésus a vécu la Passion jusqu’à mourir.

C’est dire la force de ce que nous disons lorsque, lors de nos chemins de Croix, nous chantons : « Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix ». Alors en ce jour, contemplons la Croix, avec contrition bien sûr, car comme le rappelle l’Apôtre Pierre, « c’était nos péchés qu’il portait, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice » (1 P 2, 24). Mais aussi avec l’espérance du pécheur pardonné : « En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous », nous rappelle le prophète Isaïe dans la première lecture de la célébration de la Passion (Is 53, 4-6). Oui, même un Vendredi saint, soyons donc dans la joie, exultons, car « il a racheté le monde par sa sainte Croix ».

Nous nous retrouverons demain, samedi saint puis le jour de Pâques. Je vous souhaite une bonne journée du Vendredi saint.

Seigneur, Esprit saint, donne-moi la contrition face à mon péché que tu as porté sur le bois de la Croix. Mais donne-moi aussi la joie, la joie de comprendre que tu m’as racheté par la Croix, afin que je puisse, au cœur de ma misère, rester un pèlerin d’espérance.

Seigneur, Esprit saint, en ce Vendredi saint, que ta présence en moi porte un fruit de joie !