Jeudi 17 avril, Jeudi saint : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime »

Pèlerins d’espérance, convertissons-nous

Chers amis,

Peu de temps après avoir lavé les pieds de ses disciples, geste que nous vivrons ce soir au cours de la messe en mémoire de la Cène du Seigneur, Jésus, qui sait qu’il se rendra peu après à Gethsémani pour y vivre l’agonie et y être arrêté, prononce cette phrase à la portée inépuisable : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). Il vient de prononcer une des paroles les plus célèbres de l’Evangile (« Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », Jn 13, 34 et Jn 15, 12) et, ajoutant « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », ce qu’il va faire, il explique ce que veut dire ce « comme je vous ai aimés » : cela veut dire « en donnant sa vie ». Là est la définition de l’amour à la manière de Jésus, l’amour « jusqu’au bout » (Jn 13, 1), l’amour agapè. Aimer comme Jésus nous a aimés, c’est aimer au-delà de l’amour eros, au-delà de l’amour philia, c’est aimer de la caritas, c’est amour agapè qui est don de soi. C’est aimer « jusqu’au bout ». Préférer l’autre à soi-même « jusqu’au bout ».

Le sacrement de l’eucharistie, dont nous célébrerons l’institution ce soir, est le sacrement de l’amour, comme l’ont magnifiquement enseigné les derniers papes. Elle est la vie de Dieu qui se donne, la nourriture de l’amour, l’antidote au « centrement » sur soi. Retrouvons ce soir, approfondissons l’eucharistie comme sacrement de l’amour.

Les paroles prononcées par Jésus tout au long de cette soirée de la dernière Cène, sont très profondes, très denses. Outre celles que nous entendons à chaque messe, les paroles de la consécration, nous pourrions méditer aujourd’hui tout ce que le Seigneur nous dit dans les chapitres 13 à 17 de l’Evangile selon saint Jean. Il y est question d’amour, mais aussi d’espérance de nous retrouver auprès de Jésus. Il y est question de l’Esprit saint et d’unité, de persécution et de haine du monde à l’égard de Jésus et des siens. Il y est question de la prière. A ce propos, je vous invite à ne pas oublier que le Jeudi saint est aussi la mémoire de l’institution du sacerdoce, en priant avec ferveur pour les prêtres, pour tous les prêtres. Merci.

La messe en mémoire de la Cène achevée, nous suivrons Jésus du Cénacle à Gethsémani, de l’autre côté du torrent du Cédron. Unissons notre prière à la sienne, n’oublions pas ces paroles : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ». Méditons un instant ces mots, ceux du Christ angoissé, confronté à l’agonie. Confions-lui toutes les angoisses, de tant et tant d’hommes et de femmes. Et poursuivons avec Lui ensuite : « cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22, 42). Car la volonté de Dieu est toujours que l’homme soit délivré de ses angoisses. Le Christ, en Sa Passion, est précisément en train d’obtenir à l’homme la libération de toutes ses angoisses.

Nous nous retrouverons demain, puis chaque jour jusqu’à Pâques. Je vous souhaite une bonne journée du Jeudi saint.

Seigneur, Esprit saint, donne-moi la joie, donne-moi la joie d’aimer, comme Jésus nous a aimés. Donne-moi une conscience plus vive du trésor de l’eucharistie et du trésor du sacerdoce donnés le Jeudi saint. Le Christ nous les a donnés au prix d’une terrible agonie. Dans l’angoisse, dans les ténèbres, donne-moi, à moi aussi, d’accomplir la volonté du Père.

Seigneur, Esprit saint, en ce Jeudi saint, que ta présence en moi porte un fruit de joie !