Dimanche 6 avril, cinquième dimanche de Carême : par le partage, prêter une réelle attention aux autres

Pèlerins d’espérance, convertissons-nous

Seigneur, Esprit saint, donne-moi la joie, donne-moi la joie d’être en Carême. La joie de faire l’aumône, l’aumône de mon argent, l’aumône de mon temps, l’aumône d’un peu plus de générosité. Donne-moi la joie d’être généreux avec toi aussi, en consacrant chaque jour du temps à la prière, du temps avec toi, pour te parler mais aussi pour t’écouter, dans le secret, dans le silence de mon cœur. Oui, donne-moi la joie de retrouver le chemin de la prière. Donne-moi enfin la joie de la sobriété, la joie de me priver ; non pas pour me faire mal, mais pour découvrir qu’il y a en moi beaucoup plus, beaucoup mieux que des besoins mécaniques, compulsifs, addictifs parfois ; donne-moi la joie de creuser en moi de la place, une place qui me rende libre.

Seigneur, Esprit saint, que ta présence en moi porte un fruit de joie !

Chers amis,

Depuis deux dimanches, nous méditons les conseils donnés par Jésus pour nous convertir. Après vous avoir proposé, avec le Christ, de retrouver le chemin de la prière, vous avoir invité à une vie plus sobre par le jeûne, je voudrais vous dire quelques mots de l’aumône, du partage.

C’est comme un aboutissement. J’ai résolument décidé, à propos du jeûne, de vous inviter à une plus grande sobriété, car c’est elle qui nous conduira à vivre le partage, l’aumône. Non pas par un calcul savant qui consisterait à chiffrer ce que renoncements et sobriété nous ont conduit à économiser, pour convertir cette économie en don envers telle ou telle œuvre. Non. La sobriété qui sied au temps du Carême entraîne à détourner l’attention de soi-même, rend plus attentif aux autres, notamment aux plus petits, rend plus attentifs aussi à la Terre que l’homme continue à détruire.

Nous avons besoin de la prière aussi pour cela. Pour que le Seigneur creuse en nous l’amour des autres, la compassion pour les plus petits, la détermination à nous délester un peu, pour leur venir en aide.

Il y a presque dix ans, le 24 mai 2015, le pape François offrait au monde son encyclique Laudato si’ sur la sauvegarde de la maison commune. Au numéro 49 de cette encyclique, il écrivait : « Je voudrais faire remarquer que souvent on n’a pas une conscience claire des problèmes qui affectent particulièrement les exclus. Ils sont la majeure partie de la planète, des milliers de millions de personnes. Aujourd’hui, ils sont présents dans les débats politiques et économiques internationaux, mais il semble souvent que leurs problèmes se posent comme un appendice, comme une question qui s’ajoute presque par obligation ou de manière marginale, quand on ne les considère pas comme un pur dommage collatéral. De fait, au moment de l’action concrète, ils sont relégués fréquemment à la dernière place.  (…) aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres. »

Voulez-vous que ces jours-ci, chacun là où nous sommes, au besoin en lisant ou relisant tel ou tel passage de ce grand texte, nous posions un acte par lequel nous manifesterons que nous avons décidé d’écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres ? Une fois notre décision prise, posons cet acte, en nous souvenant de la recommandation du Seigneur entendue le mercredi des cendres : « quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. (…) Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite » (Mt 6, 2-3).