Chers amis bonjour,
Samedi dernier, je vous rappelais en quels termes le pape François nous invite à un retour vers Dieu. La liturgie de dimanche dernier, deuxième dimanche de Carême, nous balise le chemin à suivre, nous détaille l’itinéraire du trajet retour. Prendre notre billet peut en effet consister à entendre les lectures de ce dimanche nous dire trois choses :« écoute, quitte et réponds ».
« Ecoute », parce que le Père te le conseille. La voix qu’il fit entendre sur le mont Thabor, alors que le Christ venait de se montrer transfiguré à Pierre, Jacques et Jean, est sans ambiguïté (cf. Mt 17, 1-9) : « Celui-ci est mon- Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Nous l’avons entendue dans l’évangile de ce dimanche, et elle doit sans cesse résonner à nos oreilles et à notre cœur.
Je souhaite, pour cette retraite, vous rejoindre dans le plus concret de votre vie quotidienne, parce que c’est là que Dieu vous attend, nous attend tous. Ecouter ce que Dieu a à nous dire au sujet du plus concret de nos vies, suppose que nous n’ayons pas peur de nous présenter à lui avec ce concret. Parfois, au moment d’entrer dans notre chambre, pour reprendre les termes de Jésus entendus le mercredi des cendres, nous pouvons être tentés de le laisser à la porte. Le concret à emporter dans notre prière, c’est certes ce qui est beau dans nos vies, certes ce qui y est difficile, mais aussi ce qui y est laid. Si le Christ est venu pour les malades et les pécheurs, ce n’est pas pour que dans notre prière nous ne lui présentions que ce qui est bien portant ni que ce qui est saint. N’ayons pas peur de lui présenter ce qui nous fait mal, et aussi le mal avec lequel nous ne savons pas rompre. Car nous ne romprons jamais avec le mal sans Lui. Alors, en étant vraiment en vérité devant Lui, nous pourrons entendre, et donc écouter.
« Quitte », parce qu’à toi aussi, comme à Abraham dans la première lecture (cf. Gn 12, 1-4a), il demande un départ. Il t’invite à quitter les eaux troubles des habitudes mauvaises que tu connais bien sans doute, et qu’en tout cas le Seigneur te montre dans le secret de ta chambre. Si nous vivons un peu en vérité notre Carême, si nous nous concentrons un tant soit peu dans la prière, nous identifierons sans difficulté ce avec quoi il serait bon pour nous de rompre. Et sans doute aussi éprouverons-nous, pour certains comportements, certaines attitudes, certaines postures, à quel point il est difficile de quitter. Ne négligeons alors rien de ce qui peut nous fortifier. C’est souvent sur le terrain de la volonté qu’achoppe l’invitation à rompre, à quitter. Je vous confie cette phrase aidante de saint Paul, celle par laquelle il rappelle que « c’est Dieu qui agit pour produire en [nous] la volonté et l’action, selon son projet bienveillant » (Ph 2, 13). Faisons confiance à la force de la prière aussi, aux fruits du jeûne, qui nous rappellent souvent, a posteriori, que notre volonté est plus forte que nous ne l’aurions cru.
« Réponds » enfin. Mets toi en route, pour vivre ce à quoi tu as été appelé, c’est-à-dire à la vocation sainte que saint Paul nous a rappelée dans la deuxième lecture. Il s’agit alors pour nous de ne pas attendre Pâques pour « rechercher les réalités d’en-Haut » (Col 1 , 3), de ne pas attendre Pâques pour vivre en transfigurés et, déjà, en ressuscités.