Chers amis bonjour,
Nous voici lancés dans ce Carême. Le premier dimanche déjà, est derrière nous, et comme nous aimons le chanter, nous avons suivi Jésus au désert en méditant l’Evangile des tentations (Mt 4, 1-11). Saint Augustin nous rappelle que dans le Christ, c’est nous qui sommes tentés. Tentés d’assouvir n’importe quelles faims, tentés de mettre Dieu à l’épreuve, c’est-à-dire de savoir mieux que Lui ce qu’Il doit faire, et finalement tentés de remplacer Dieu, en adorant non pas Lui seul, mais tout et n’importe quoi.
Il y a une vraie pédagogie dans le déroulement du Carême. Avoir pris au sérieux le Christ qui nous entretenait, le mercredi des cendres, d’aumône, de prière et de jeûne, c’est s’être fortifiés pour lutter contre ces tentations. Prenons déjà le temps de ressentir, de constater et de nous réjouir des fruits en nous, de ces trois conseils de Jésus. Revenons sur les jours écoulés depuis le mercredi des cendres pour observer ce qu’a produit en nous tel effort de sobriété : ne nous a-t-il pas montré que nous avions la force de combattre ? Revenons sur les jours écoulés pour relire un temps de prière : ne nous a-t-il pas confirmé que nous pouvions vraiment rencontrer Dieu ? Souvenons-nous d’un moment d’attention aux autres de ces derniers jours : en nous ouvrant le cœur, ne nous a-t-il pas resitué au cœur de notre vocation de baptisé ?
Déjà, j’en suis sûr, nous pouvons nous réjouir de ce que nous avons déjà entrepris depuis quelques jours sous le regard d’un Dieu qui nous aide. Attachons-nous davantage à cela qu’à tout ce que nous pensons ne pas réussir en termes d’efforts. Car nos avancées sur ces trois sujets sont autant de reculs du mal dans nos vies et donc, bien avant Pâques, de victoires, en nous. Victoires de Jésus sur le Tentateur, en nous-mêmes.
C’est bien de cela qu’il s’agit. De jeûner du mal. Le jeûne qui plaît à Dieu, nous enseigne Isaïe, c’est « rendre la liberté aux opprimés » (Is 58, 6). Nous sommes de ces opprimés chaque fois que nous sommes captifs du mal.
Dans son message de Carême pour 2019, le pape François invitait à méditer sur la force destructrice du péché et sur la force de guérison du repentir et du pardon.
Prenons le temps de le suivre sur ces deux sujets. Il écrivait ceci, à propos de la force destructrice du péché : « lorsque nous ne vivons pas en tant que fils de Dieu, nous mettons souvent en acte des comportements destructeurs envers le prochain et les autres créatures, mais également envers nous-mêmes, en considérant plus ou moins consciemment que nous pouvons les utiliser selon notre bon plaisir ».
Là aussi revenons en arrière, pour trouver dans nos souvenirs des exemples de ce que le péché a pu avoir non seulement de néfaste, mais même de mortifère, de destructeur, dans nos propres vies. Non pas pour pour entretenir en nous une culpabilité elle aussi destructrice, mais pour mieux nous mettre en capacité d’être relevés. Nous le ferons par exemple en méditant ce que le pape nous livre juste après lorsqu’il écrit : « Quand on abandonne la loi de Dieu, la loi de l’amour, c’est la loi du plus fort sur le plus faible qui finit par s’imposer ».
Et cela nous conduira à désirer saisir la main que Dieu tend toujours au pécheur et à goûter, comme dit le pape, la force de guérison du repentir et du pardon. Nous pouvons pour cela faire là aussi mémoire de ce que cette force a produit par le passé en nous-mêmes, mais aussi, pour l’avenir nous déterminer à la faire grandir en nous. Contrits et pardonnés, nous serons vraiment fortifiés.