Quand on butte sur une difficulté, ou une pensée noire, il faut savoir frapper à la bonne porte pour obtenir de l’aide. Interroger les saints, dans un contact personnel – un peu comme on demanderait conseil à un frère ou une sœur aîné –, est toujours réconfortant.
Voyez ici quelles réponses fortes et lumineuses donne sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus…
Je ne comprends pas comment tu arrives à garder la foi. Devant la souffrance, l’angoisse, Dieu semble si absent ?
– Oui ! Quelle grâce d’avoir la foi ! Si je n’avais pas eu la foi pendant ma dernière maladie, je me serais donné la mort sans hésiter un seul instant…
La foi a-t-elle toujours été une évidence tout au long de ta vie ?
– Ne crois pas que je nage dans les consolations… Même Jésus paraît absent. Aux jours si joyeux du temps pascal, Jésus m’a fait sentir qu’il y a véritablement des âmes qui n’ont pas la foi. Il permit que mon âme fût envahie par les plus épaisses ténèbres et que la pensée du Ciel si douce pour moi ne soit plus qu’un sujet de combat et de tourment…
As-tu parfois douté ?
– Un soir, je fus prise d’une véritable angoisse et mes ténèbres augmentèrent. Je ne sais quelle voix maudite me disait : « Es-tu sûre d’être aimée de Dieu ? Est-il venu te le dire ? Ce n’est pas l’opinion des créatures qui te justifiera devant lui… »
Et quand tu es dans cette obscurité, dans cette nuit du néant, que fais-tu ?
– Jésus sait bien que tout en n’ayant pas la jouissance de la Foi, je tâche au moins d’en faire les œuvres. Je crois avoir fait plus d’actes de foi depuis un an que pendant toute ma vie. A chaque nouvelle occasion de combat, je cours vers mon Jésus, je Lui dis être prête à verser jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour confesser qu’il y a un Ciel.
Il est facile pour toi d’avoir la foi. N’as-tu pas été protégée dans ta famille et au Carmel ? Ce n’est pas mon cas.
– Ah ! Que je voudrais pouvoir expliquer ce que je sens !… Depuis qu’il m’a été donné de comprendre l’Amour du Cœur de Jésus, je t’avoue qu’il a chassé de mon cœur toute crainte. Le souvenir de mes fautes m’humilie, me porte à ne jamais m’appuyer sur ma force qui n’est que faiblesse, mais plus encore ce souvenir me parle de miséricorde et d’amour. Comment lorsqu’on jette ses fautes avec une confiance toute filiale dans le brasier dévorant de l’Amour, comment ne seraient-elles pas consumées sans retour ?
Mais tu ne peux pas te considérer comme une grande pécheresse.
– Pourtant, je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l’enfant prodigue qui revient à Lui.
Même si ce péché était très grave ?
– Le péché mortel ne m’enlèverait pas la confiance…
Pourquoi ?
– On pourrait croire que c’est parce que je n’ai pas péché que j’ai une confiance si grande dans le bon Dieu. Si j’avais commis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la même confiance, je sens que toute cette multitude d’offenses serait comme une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent.
Thérèse, tu ne peux pas me comprendre. Mille sollicitations chaque jour m’attirent. Tu ne sais pas jusqu’où je suis entraîné, presque malgré moi.
– Si, ta pauvre petite Thérèse sait bien. Elle aussi a passé par le martyre du scrupule, mais Jésus lui a fait la grâce de communier quand même, alors même qu’elle croyait avoir fait de grands péchés… Eh bien ! Je t’assure qu’elle a reconnu que c’était le seul moyen de se débarrasser du démon : car quand il voit qu’il perd son temps, il vous laisse tranquille !… Ce qui offense Jésus, ce qui le blesse au cœur, c’est le manque de confiance !…
Et si je retombe ?
– Communie souvent, bien souvent… Voilà le seul remède si tu veux guérir. Jésus n’a pas mis pour rien cet attrait dans ton âme. Vivre d’Amour, c’est bannir toute crainte…
« Bannir toute crainte », si seulement je pouvais avoir un peu de ta confiance ?
– Tu te trompes si tu crois que ta petite Thérèse marche toujours avec ardeur dans le chemin de la vertu. Elle est faible et bien faible, tous les jours elle en fait une nouvelle expérience.
Comment ne pas perdre confiance quand on fait l’expérience de sa faiblesse ?
– Tu le sais, j’ai toujours voulu être une sainte… Me grandir, c’est impossible. Je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections.
On peut quand même chercher à se réaliser sans vouloir se rabaisser ?
– Je pensais que j’étais née pour la gloire, et cherchant le moyen d’y parvenir, le Bon Dieu me fit comprendre que ma gloire à moi ne paraîtrait pas aux yeux mortels, qu’elle consisterait à devenir une grande Sainte !… Ce désir pourrait sembler téméraire si l’on considère combien j’étais faible et imparfaite et combien je le suis encore après sept années passées en religion. Cependant je sens toujours la même confiance audacieuse de devenir une grande Sainte, car je ne compte pas sur mes mérites n’en ayant aucun, mais j’espère en Celui qui est la Vertu, la Sainteté même. C’est Lui seul qui se contentant de mes faibles efforts, m’élèvera jusqu’à Lui et, me couvrant de ses mérites infinis, me fera Sainte.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus / Adaptation d’un jeu scénique réalisé à Notre-Dame de Vie – Tous les textes de Thérèse sont authentique
Avec l’aimable autorisation du centre Notre Dame de Vie